mercredi 24 août 2016

Un livre, un artiste




"Née en 1883 - enfant naturelle - Exilée - Femme de Boche - Et puis quoi encore?" 

C'est ce que Marie Laurencin écrivait à Nicole Groult. Dès son enfance Flora Groult a bien connu l'artiste, amie proche de ses parents. 

A l'aide de ses souvenirs et de documents inédits, elle a brossé un portrait frappant de cet être d'exception et de cette époque extraordinaire, où les artistes du monde entier affluent vers Paris afin de participer à l'éclosion de l'art moderne."



Flora Groult dresse ici la biographie de Marie Laurencin, une artiste peintre à la personnalité étonnante et au talent unique. J'ai aimé les passages dédiés à l'activité créative propre, à la façon dont elle parlait de ses couleurs 

"Je n'aimais pas toutes les couleurs. Alors, pourquoi se servir de celles que je n'aimais pas ? Résolument, je les mis de côté. Ainsi, je n'employais que le bleu, le rose et le vert, le blanc, le noir. En vieillissant, j'ai admis le jaune et le rouge""

et de ses tableaux et comment elle abordait une séance de travail. L'époque est aussi abordée en détail nous embarquant au Bateau-Lavoir à la découverte de tous ces magnifiques artistes qui y habitaient alors. Et puis, c'est aussi la muse de Guillaume Apollinaire qui est ici évoquée, leur amour puis désamour... Bref, malgré quelques passages un peu longs, cet ouvrage m'a permis de connaitre un peu mieux cet artiste et surtout m'a donné l'envie d'en découvrir les oeuvres...

"Marie connaît Picasso, ils se sont rencontrés au Bateau-Lavoir; il lui dit bonjour et ils échangent quelques mots. Deux, trois jours plus tard, elle retourne chez Sagot, Picasso est encore là, mais cette fois-ci accompagné d'un ami que Marie n'a jamais vu et que Picasso lui présente. Cet ami est celui qui écrira peu de temps après à la jeune fille (sur une feuille de crédit à en-tête de la banque de Châteaufort et Poitevin, où il avait travaillé un bref moment) : 
"Mon destin ô Marie est de vivre à vos pieds 
En redisant sans cesse combien je vous aime."
Cet ami est Guillaume Apollinaire."



"L'amour de Guillaume pour Marie a été son vrai degré d'alcool", dira André Rouveyre. "Si les pièces à Marie n'existaient pas dans "Alcools", l'oeuvre ne présenterait en somme qu'un immense désespoir... Apollinaire poète serait resté comme une sorte de héros de l'inspiration, mais qui n'aurait jamais eu la grâce divine." Sur le premier exemplaire paru d"Alcools",qu'il choisit de réserver pour Marie, la dédicace autographe commence ainsi :

Mon alambic, vos yeux ce sont mes alcools
Et votre voix m'enivre ainsi qu'une eau-de-vie"














1 commentaire:

  1. Merci Sophie, encore une artiste que je découvre grâce à toi. Ton article m’a vraiment donné envie de lire Flora Groult.

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